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SUR LE PALAIS DES THERMES.

devant la proie qui leur échappe, vengeant leur affront à leur manière, par les ravages, la dévastation, l’extermination ; et on jugera ce qui dut advenir des monastères, des églises de Clovis, de Childebert, etc. ; et nécessairement, avant tout, du palais des rois de ceux qui bornèrent ainsi la carrière de leur brigandage.

Dès cette dernière époque, Eudes, qui avait soutenu et repoussé les efforts des Normands, et qui fut proclamé roi en 888, résidait, comme comte de Paris, dans le palais de la Cité, qu’habita plus tard son neveu, Hugues-le-Grand, et qui devint, par suite et jusqu’à Charles V, la résidence des rois descendant de Robert-le-Fort.

On conçoit que la dévastation du palais romain, étendue, sans doute, à l’aqueduc, et la leçon tirée de ces tristes événements, dont la reproduction paraissait toujours imminente, aient déterminé Eudes et ses successeurs à délaisser cet édifice comme résidence habituelle. Cependant, bien que réduit, dès lors, au titre de Vieux-Palais, il conserva, jusqu’à la fin du 12e siècle, le majestueux aspect que lui imprimèrent les architectes romains.

La description que nous en a laissée Jean de Hauteville[1], poète qui florissait vers 1180, ne laisse aucun doute à cet égard.

  1. Dans ses poésies, publiées sous le titre d’Architrenius Joannis Altœ Villœ, ce poète, qui vivait sous Louis VII et sous Philippe-Auguste, célèbre ce palais comme étant la demeure des rois : « domus aula regum. » Il vante ses cimes s’élevant jusqu’au ciel, ses ailes placées sur le même alignement que le principal corps-de-logis, et qui semblent, en se déployant, embrasser la montagne. » (Voir chap. viii du liv. iv, de Aula in montis vertice constituta.)

    De la traduction littérale du mot in vertice montis, au sommet de la montagne, M. Dulaure semble tirer l’induction que le palais aurait été séparé de la salle des Thermes ; mais tout repousse cette supposition, l’acte, presque contemporain, de la donation par Philippe-Auguste, com-