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NOTICE

ce n’est pas un petit honneur pour nos voûtes que d’avoir abrité ce sanctuaire des arts libéraux, ce savant dont les conseils et les vues éclairées fondèrent l’école palatine à laquelle se rattache l’université de Paris.

Les irruptions des Normands, déjà menaçantes sur la fin du règne de cet empereur, et que son bras seul aurait pu contenir, ne tardèrent pas à rendre ce palais inhabitable. S’il dut souffrir des ravages que ces barbares exercèrent dans la Cité même, lors des invasions de 845, 846 et 861, quel dut être son sort pendant les treize mois que dura le siège de cette Cité en 887 et 888, et surtout après ce siège ! Qu’on se représente trente mille de ces féroces bandits qu’animait seule la soif du pillage et de la destruction, repoussés dans huit assauts donnés inutilement à cette île, et assouvissant leur rage sur ses dépendances ; qu’on se figure ces hordes sauvages venues de si loin dans un but qui leur manquait, humiliées et irritées de ces résistances inattendues, ces tigres affamés

    à cet effet, dès l’époque de son premier voyage, trois abbayes situées dans le centre de la France, Saint-Loup à Troyes, Ferrières en Gatinois et le monastère de Saint-Josse en Picardie. Quoique sa résidence habituelle fut près de l’empereur, qui mettait à profit ses grandes connaissances, on conçoit que pendant les longues expéditions militaires, Alcuin, attiré en France par les soins de direction de ses abbayes, ait fait des séjours prolongés au palais impérial de Paris. Après avoir consacré trois années, de 789 à 792, à travailler en Angleterre aux intérêts de la religion, il revint se fixer près de l’empereur, qui ajouta à ses dons celui de l’abbaye Saint-Martin de Tours, où Alcuin se retira en 801 et mourut en 804, âgé de 70 ans. Passionné pour la science comme pour les arts libéraux, alors certes bien dans l’enfance, il créa une sorte d’académie dont Charlemagne s’honora d’être membre, et fit de sa main une copie entière et correcte de l’ancien et du nouveau Testament.

    Ses richesses, témoignage de la juste munificence de l’empereur, lui suscitèrent des envieux. Élipand de Tolède lui reprocha d’avoir vingt mille esclaves, en comprenant sans doute sous ce titre les serfs des divers monastères dont il était le chef.