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SUR LE PALAIS DES THERMES.

Il nous suffit, pour établir que ce palais était encore, sous la deuxième race, digne de sa première destination, d’y retrouver les trop aimables et trop aimantes filles de cet empereur[1], trompant la surveillance sévère de leur frère, et continuant, dans cette retraite forcée, leur commerce d’une galanterie unie à la bienfaisance et à la culture des lettres et des arts[2].

La résidence qu’y fit, du vivant de Charlemagne, le célèbre Alcuin[3] est également bien constatée, et certes

    style byzantin alourdi par l’école lombarde, qui n’en est que la dégénérescence. On retrouvait cependant dans quelques-unes, à en juger par ce qui reste, des inspirations puisées aux grandes sources, dans les monuments antiques ou dans l’étude de Vitruve, et des traces de cette architecture polychrome en usage surtout en Sicile. D’autres témoignaient de la marche de l’art dans les écoles cathédrales que cet empereur rétablit, et plusieurs se ressentaient même de l’influence du style mauresque, dès lors en grand honneur en Espagne, et dont les combinaisons hardies, mêlées à celles de notre architecture des 7e et 8e siècles, sont venues créer plus tard ce que nous avons désigné plus haut sous le nom de style byzantin de transition. Cette définition, dont nous n’avons pas la prétention, étant étranger à l’art, de démontrer la justesse rigoureuse, substituée à d’autres non moins vagues, nous permet du moins de conserver un seul nom au même genre, dans ses diverses modifications. Que nous ne sachions pas que le caractère gothique se fasse remarquer dans aucun des travaux de Charlemagne, même de ceux exécutés dans la Germanie, d’où l’on dit que ce genre nous est venu. Ces édifices sont cependant postérieurs de plus d’un siècle à l’époque où l’on assure, mais sans preuve à nous connue, que les Visigoths consacrèrent l’emploi du style gothique dans le midi de la France.

  1. Voyez l’Histoire de France du P. Daniel, tome I, p. 558, et Saint-Foix, tome I, p. 190, sur les mœurs relâchées, les habitudes généreuses et les passe-temps littéraires de Rotrude et de Gisla (ou Giselle), filles de Charlemagne et d’Hildegarde.
  2. Elles y copiaient des manuscrits, sans doute d’après les leçons d’Alcuin. Charlemagne aussi s’était essayé, mais sans succès, à ce travail. (Voir la traduction du texte d’Eginhard par D. Teillier.)
  3. Alcuin était Anglais et abbé de Cantorbery. Charlemagne ayant eu occasion de le voir à Parme, l’apprécia et voulut se l’attacher. Il lui donna,