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NOTICE

sans doute, faire que des séjours temporaires dans la France[1], qu’il posséda cependant tout entière. Aix-la-Chapelle et Mayence se rapprochaient plus que Paris, Soissons et Orléans, du centre d’un empire borné par la Vistule et le Danube, et qui s’étendait d’ailleurs aux confins de l’Illyrie comme à ceux de la Basse-Calabre[2]. Nous ne réclamons donc pas pour le palais romain l’honneur d’un séjour continu de la part de ce grand prince[3].

  1. Paris, dit Saint-Foix, tome ier, p. 16 et 17, fut presque abandonné sous la 2e race. Pepin, Charlemagne, Louis-le-Débonnaire, Charles-le-Chauve et Louis-le-Bègue n’y demeurèrent qu’en passant.
  2. On pourrait nous objecter ce que nous avons vu de nos jours, le maintien dans notre capitale de la résidence du nouvel empereur d’Occident, dont le rêve n’eût été rien moins qu’une chimère, s’il eût pu, comme son modèle, prescrire à l’Angleterre et à l’Espagne une humble neutralité ; mais les communications sont devenues autrement faciles qu’à ces époques.
  3. Les grands travaux que Charlemagne fit exécuter particulièrement à Aix-la-Chapelle durent l’attacher à cette résidence. Il y construisit d’abord, avec des marbres venus à grands frais de Rome et de Ravenne, l’admirable chapelle d’où vient le surnom de cette ville. Les portes en étaient de bronze, et le dôme était surmonté d’un globe d’or massif. Ce fut surtout dans la construction de son palais et de Thermes, dont la somptuosité correspondait à celle des édifices du même genre des empereurs romains, qu’il développa toutes les ressources de sa puissance et l’essor d’une magnificence inexplicable d’après nos idées sur l’état des arts à cette époque.

    Son palais se composait d’immenses colonnades, de superbes galeries, de salles pour les diètes des grands vassaux, pour les synodes, les conciles, etc., et d’un admirable portique conduisant à la basilique. La disposition lui permettait de voir de sa chambre toute la circulation de l’intérieur du palais.

    Ses thermes, alimentés par des eaux naturelles chaudes, condition principale d’après l’étymologie de ce mot, étaient tellement spacieux, que cent personnes pouvaient s’y livrer ensemble à la natation. C’était l’exercice de prédilection de Charlemagne, prince à la fois si remarquable par son énergie, son activité, sa structure, sa force et son adresse. (Voir Eginhard et le moine de Saint-Gall.)

    Les constructions que ce prince fit élever sur divers points de son vaste empire, même en Italie, à Florence, etc., participaient généralement du