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SUR LE PALAIS DES THERMES.

que semblent l’établir les récits des historiens, Julien, dont les souvenirs pour sa chère Lutèce sont consacrés dans le Misopogon, y fut proclamé empereur malgré lui, en 360, par les troupes auxiliaires[1] et que Valens

    nion de nos philosophes, rhéteurs et poètes parisiens des 3e et 4e siècles.

    Notre palais romain n’aurait donc pas été construit comme thermes. Le premier titre connu qui lui donne ce nom est une charte de Louis-le-Jeune de 1138 pour l’aumônerie de Saint-Benoît, portant : « Quæ sita est in suburbio parisiensi, juxta locum qui dicitur Thermæ. » Si, comme tout l’indique, cette substitution de noms lui vint, à cette époque, du caractère grandiose de la salle de Thermes encore subsistant aujourd’hui, la conjecture de M. Dulaure, quant à l’origine de deux palais et à leur assimilation, perdrait beaucoup de son importance.

    Nous n’en restons pas moins disposé à considérer celui de Paris comme ayant été habité par Julien, en nous appuyant du témoignage du savant Adrien de Valois, bien plus conciliable avec le récit des trois premiers historiens cités plus haut, que l’opinion de Saint-Foix, qui loge ce prince dans la Cité, et trouve tout simple que dix mille soldats aient pu passer la nuit sur la place d’armes de son palais. Dans l’embarras du choix, il nous serait d’ailleurs plus agréable de reconnaître dans cet édifice la fondation du mari de sainte Hélène, du père du grand Constantin, par conséquent le berceau du christianisme en France, que d’y voir l’œuvre posthume du sévère Julien, de ce philosophe ennemi des Galiléens et châtié par leur Dieu. « Tu as vaincu, Galiléen ! » fut, dit-on, le cri que lui arracha la blessure mortelle qu’il reçut dans un combat contre les Perses.

  1. Julien parle de l’incommodité que le froid lui fit éprouver dans le palais qu’il habita. Il loue d’ailleurs les habitudes simples et frugales de nos pères, en opposition surtout avec la dépravation des habitants d’Antioche. (Voir Ammien Marcellin, liv. xx, ch. iv, pour les détails relatifs aux latebras occultas, refuges secrets, où il se réfugia ; à la salle du Consistorium, où il se montra aux troupes irritées par la nouvelle de sa mort répandue par le décurion du palais ; et au camp romain, en communication avec le palais, où les troupes se retirèrent après le repas donné par ce prince. Ce camp, à portée du palais, et où le César Julien fut proclamé Auguste et harangua les troupes, se trouve bien plus naturellement situé dans la combinaison de M. Dulaure que dans celle de Saint-Foix, qui n’en tient compte, vers la place Saint-Michel et le Luxembourg. Des fouilles faites de nos jours ont fait découvrir en effet sur cet emplacement un grand nombre d’objets à l’usage des guerriers romains, tels qu’agrafes