Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
NOTICE

qui ait fait bâtir cet édifice, sa construction doit remonter au moins au milieu du 4e siècle, puisque, ainsi

    gens, étuves pour la transpiration et salles à ventilation, bois délicieux, champs pour la course et pour la lutte, lieux de réunion pour les philosophes, les rhéteurs et les poètes, etc. Ce témoignage est d’ailleurs confirmé, quant à la dimension et à la solidité des constructions, par ce qui reste de ces Thermes, dont une salle et une loge de portier forment aujourd’hui les églises des Chartreux et des Feuillants. Telle était, au demeurant, l’importance de la plupart de ces fondations impériales successivement créées par Auguste, Néron, Titus, Trajan, Commode, Sévère, Antonin, Caracalla, etc., qu’Ammien Marcellin les compare à des provinces ; « In modum provinciarum exstructa lavacra. » Liv. xvi, chap. vi. La magnificence des bains particuliers, ornés de tableaux en marbre d’Alexandrie et de Numidie, et garnis de robinets d’argent, même chez les plébéiens, est, de la part de Sénèque, l’objet d’une réflexion morose. Selon Publius Victor et Pline le jeune, il y avait à Rome plus de huit cents thermes où toute la population, confondue comme rangs, et sous certains empereurs comme sexes, se rendait au son de la cloche. L’habitude d’aller par la ville pieds et jambes nus, le défaut de linge et la chaleur du climat avaient créé à Rome, comme précédemment en Asie et en Grèce, cet usage au moins quotidien, auquel le luxe et la volupté ajoutèrent leurs raffinements. Il n’y avait qu’un grand deuil ou une calamité publique qui pussent faire suspendre ces immersions, à la grande contrariété sans doute de certains Romains qui retournaient au bain jusqu’à sept fois par jour.

    En résumant ce que disent ou font entendre du palais romain construit à Lutèce comme résidence impériale, Ammien Marcellin, contemporain et historien de Julien, Libanius, dans ses lettres sur cet empereur, l’historien grec Zosime qui écrivait sous Théodose, et plus tard Venance Fortunat au 6e siècle, et Jean de Hauleville au 12e, on n’y trouve rien d’analogue à la description de Baccius. L’exiguïté de cette ville, et son climat qui rendit sans doute le besoin des bains moins impérieux pour les Romains eux-mêmes, durent s’opposer à ce qu’on y construisît à grands frais des thermes publics. Rien n’indique non plus qu’on eût introduit dans les Gaules les exercices auxquels on formait la jeunesse romaine dans ces thermes, suivant cette description de Plaute :

    « Ibi cursu, luctando, hasta, disco, pugilatu, pila,
    « Saliendo, sese exercebant magis quam scorto aut savlis. »

    Et il eut été sans doute superflu d’affecter un espace quelconque à la réu-