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NOTICE

accomplir ce beau projet : visites, rapports, plans, commission, démolition des maisons, et frais de travaux aussi lourds d’imprudents, à défaut de la formalité principale, la constitution de la propriété au nom du gouvernement ou de la ville[1] ; et quelques années plus tard, malgré tous ces sacrifices, à quoi tint-il que le monument lui-même ne succombât, dans un débat municipal sur la valeur locative du berceau de notre monarchie[2] ?

Dès que le puissant intérêt dont M. Dulaure a su animer ces ruines dans ses publications alors récentes[3], ne put empêcher cette œuvre d’iniquité de se poursuivre, presque jusqu’à réalisation, il ne nous conviendrait à aucun égard de tenter ce qu’il n’a pu faire ; aussi, ce n’est pas dans le but d’exploiter ses souvenirs pour sa conservation, que nous revenons ici sur le palais des Thermes. Sa corrélation, sa confusion, pour ainsi dire, avec l’hôtel de Cluny, sorti de ses flancs et illustré par cette origine,

  1. En 1819, lorsque, sur les indications de M. Quatremère de Quincy, le ministre de l’intérieur, M. le duc de Cazes, eut adopté ce projet, il en comprit l’intérêt, et, dans ses idées larges, il fit régler par décision royale qu’une somme annuelle de 30,000 fr. serait affectée pendant cinq ans, tant aux acquisitions nécessaires qu’à la consolidation des ruines, et à la création d’un musée gallo-romain, dont le conservateur, M. Auguis, fut nommé. Malheureusement, au lieu de commencer par désintéresser l’hospice propriétaire, on s’occupa d’abord de démolitions et de constructions dont la savante commission remit de confiance, comme il arrive toujours, la direction à l’architecte de la ville. M. Dulaure était donc mal renseigné lorsqu’il annonça que le préfet acquit les Thermes en 1819. Les successeurs de M. de Cazes ne tinrent compte de l’engagement royal. Les travaux furent arrêtés, et le conseil municipal suspendit à son tour le paiement de la location à l’établissement hospitalier de Charenton, qui, ne pouvant traiter ses malades avec des souvenirs, dut aviser à d’autres moyens d’exploiter ce domaine. Quoi de plus naturel !
  2. V. Notice sur l’hôtel de Cluny, pag. 36 et 37.
  3. Histoire de Paris, édit. de 1822, pag. 78 à 114.