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NOTES.

mois du veuvage de Marie d’Angleterre, troisième femme de Louis XII, qu’elle perdit presque aussitôt qu’elle l’eut épousé.

« Après la mort de ce roi, qui ne laissait point d’enfant mâle, le trône revenait au jeune comte d’Angoulême, petit-fils du duc d’Orléans, qui devait être François Ier. — Marie d’Angleterre, pour accaparer la régence, fit aussitôt courir le bruit qu’elle était grosse, et toutes les précautions étaient prises pour donner du crédit à cette supposition qu’elle comptait bien mener à bon terme. Or, comme toutes les veuves de rois, si on les laissait faire, accoucheraient toujours d’un prince, surtout si elles ne sont pas grosses, la mère de François, qui voyait qu’il y allait trop de bon pour elle et pour son fils, comme dit Brantôme, n’avait d’autre idée que de faire suivre et surveiller, à tous les moments, celle qui voulait jouer le rôle de reine-mère. Un jour, elle apprit que Marie devait se rendre vers la nuit tombante à l’hôtel de Cluny, sans doute pour quelque mystère de galanterie, car la princesse anglaise était aussi tendre qu’ambitieuse. Il faut vous dire que c’est le jeune François que Louis XII avait envoyé à Boulogne pour recevoir la nouvelle reine à la descente du vaisseau. C’était la femme la plus belle et la mieux faite de son temps, et personne aussi n’était mieux fait que François pour en sentir tout le prix. Il paraît qu’ils se fussent aimés plus que de raison, si on leur en eût laissé le loisir. Cette flamme n’avait cessé de couver sourdement dans le cœur du prince. Sa mère trouva moyen de lui faire apprendre comme par hasard que Marie serait à telle heure à l’hôtel de Cluny, pour une pieuse conférence. François y vole, et se fait ouvrir de force tous les appartements ; il allait peut-être jouer la couronne de France contre un baiser d’Angleterre…… Heureusement, il surprend celle qu’il