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NOTES.

menaçanté dans ces temps de persécution ; et qu’au risque d’accroître encore le nombre de ses ennemis, il ne négligea aucune occasion de faire publiquement, dans ses enseignements, une guerre à outrance aux charlatans de toute robe, alors tout-puissants, astrologues, alchimistes, sorciers, médecins, faux savants, etc. (voyez note (Q), autre cause de discrédit dans toutes les époques). Dans cette lutte honorable, il surpassa même en courage son devancier et presque contemporain Rabelais, dont les satires, non moins vigoureuses et peut-être plus spirituelles, perdaient souvent de leur sel et de leur effet à l’alambic de la métaphore. (Voir les chapitres 21 et 22 du livre iv de Pantagruel, sur les abstracteurs du temps.)

En butte sans doute, à ces différents titres, à de puissantes inimitiés, Palizzi fut arrêté par l’ordre des Seize, en 1588 ; et c’en était fait de lui, malgré son grand âge, si le duc de Mayenne ne l’eût fait enfermer à la Bastille, où il mourut, en 1580, âgé de près de 90 ans.

Cette pénible détention lui offrit l’occasion de couronner dignement sa belle vie, par la sublime réponse qu’il fit à Henri III qui vint le visiter dans sa prison, et lui dit : — « Mon bon homme, si vous ne vous accommodez sur le fait de la religion, je suis contraint de vous laisser entre les mains de nos ennemis. » Voici cette réponse digne des époques les plus héroïques : « Sire, j’étais tout près de donner ma vie pour la gloire de Dieu ; si c’eût été avec regret, certes il serait éteint en ayant ouï prononcer à mon grand roi : Je suis contraint. C’est ce que vous, sire, et tous ceux qui vous contraignent ne pourrez jamais sur moi, parce que je sais mourir. »