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NOTES.

à ranimer le courage, épuisé par une si longue attente, au point de les rendre injustes envers lui.

Comme les nobles sentiments de l’artiste se montrent bien dans cette résolution qu’il prit au milieu de sa détresse, de ce qu’il appelle lui-même son affreuse misère, de détruire entièrement le produit d’une fournée à demi réussie, « et dont aucuns vouloient achetter à vil prix, parce que c’eust été un décriement et rabaissement de son honneur ! Je me couchai de mélancolie, ajoute-t-il, car je n’avois plus de moyens de subvenir à ma famille. »

Qu’il y a loin aussi du mystère dont s’enveloppent la plupart de nos brevetés d’inventions, à la publicité que donne Palizzi à ses procédés, et même aux accidents qu’il éprouva, « afin, dit-il au lecteur, que tu t’en donnes garde, que mon malheur te serve de bonheur, et que ma perte te serve de gain. »

C’est sans doute pendant l’interruption forcée, dont il parle, de ses essais de poterie, qu’ayant repris ses travaux d’arpenteur et de peintre verrier, il exécuta pour le château d’Écouen, alors en construction, les beaux vitraux de la Psyché, et des arabesques sur les dessins del Rosso ; et c’est à ces travaux, qui le mirent en rapport avec le connétable Anne de Montmorency, alors tout puissant, et pour lequel il exécuta plus tard[1] des ta-

  1. Palizzi n’a pu exécuter, comme on l’a dit, en 1542, les deux beaux tableaux en faïence, représentant des batailles, qu’on voyait au Musée des monuments français, ces chefs-d’œuvre de l’art ne datant nécessairement que de l’époque où le succès le plus complet, en fait d’émail, couronna ses efforts ; et cette époque, à raison des 15 années d’essais, ne devait guère remonter au-delà de 1555. Au surplus, la date importe peu ; mais les tableaux où sont-ils ? où sont aussi les plaques de faïence placées dans la décoration extérieure du château de Madrid ? Quant au pavage couvert des devises grecques et des allérions des Montmorency, on y substitua, sous l’empire, de grandes N en marbre. Il en restait cependant encore, il y a quelques années, certaines parties qui n’ont pas dû disparaître.