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NOTES.

dote son pays d’une découverte dont l’exploitation lui sera profitable, acquiert, avec des droits à sa reconnaissance, de justes titres à la célébrité.

Ainsi, Bernard Palizzi, né dans l’Agenois, au commencement du 16e siècle, de parents pauvres, quoique n’ayant exercé jusqu’à près de 40 ans que les métiers modestes d’arpenteur, de peintre sur verre et de potier de terre, sans instruction première, mais doué d’une grande énergie de volonté, vint tout à coup allumer, pour ainsi dire, en France, le flambeau des sciences naturelles, et se classer, par d’utiles ouvrages et par d’admirables travaux d’art, au premier rang de nos savants et de nos artistes.

Il vivait tranquille à Saintes avec sa nombreuse famille, s’occupant de toisage, de chimie et de peinture sur verre, et coordonnant les observations sur l’histoire naturelle, recueillies par instinct dans ses fréquentes courses, lorsque la vue (en 1539, dit-on,) d’une coupe ronde en terre émaillée bouleversa toute son existence.

Cette coupe était sans doute un produit de l’art céramique en Italie, où les travaux de Ravenne et de Faenza,

    17e siècle, et on ne connaissait sans doute en France, au commencement du 16e, la porcelaine des Indes que de nom.

    En attendant la solution des maîtres, nous conviendrons du moins avec plaisir, que si Palizzi n’inventa pas la faïence et la poterie émaillée, en usage depuis plus d’un siècle à Faenza, à Ravenne, à Florence, etc., lorsqu’il commença ses rudes essais, les grands perfectionnements qu’il obtint par la découverte de procédés de fabrication, encore suivis de nos jours, laissent entière la reconnaissance que lui doit le pays pour ses inconcevables efforts, et surtout pour leurs beaux résultats.

    Une invention que nous lui contestons avec plus de certitude est celle de ses poissons émaillés nageant dans des plats où l’on mettait de l’eau, et qui, restant comme surtout sur la table, produisaient illusion à la moindre oscillation. Le vase de cuivre damasquiné en argent, nommé Baptistaire de Saint-Louis, travail oriental rapporté des Croisades, présente au fond la même particularité, sans doute pour le même effet.