Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
NOTES.

portrait de François Ier, et les sujets tirés de l’Apocalypse, placés à l’ancien musée Lenoir, suffiraient pour le mettre en première ligne. On y trouve science et charme de composition, et vérité de ton des chairs, comme harmonie générale, sans la recherche du pointillé qui rapetisse l’effet. Ses compositions brillent aussi par l’éclat et la richesse des draperies et autres accessoires, qualités principales dans ce genre de tableaux, qui, n’étant éclairés que par transparence, contrairement à la règle ordinaire de la nature, ne sauraient en général partager avec la peinture opaque la prétention à la magie de l’illusion. Ce n’est que dans certains effets de perspective intérieure, comme ceux dus à l’habile pinceau de M. Granet, qu’on pourrait, à notre avis, tirer un grand parti de la condition de transparence et de la lumière toute faite, dont on n’aurait plus qu’à dégrader les reflets jusqu’aux repoussoirs.

Bernard Palizai, si célèbre par ses poteries émaillées, a cultivé avec un grand succès cet art qu’il pratiqua dès son jeune âge. C’est à lui qu’on attribue la peinture en grisaille[1] faite pour le château d’Écouen, des quarante-six

    français, né vers 1500, à Souci, près de Sens, et mort en 1550. Il illustra sa carrière par des travaux du premier ordre. Le Jugement dernier, peint pour la sacristie des Minimes de Vincennes, et placé aujourd’hui au Musée, révéla, pour la première fois, à la France qu’elle aussi elle avait son Michel-Ange.

    Le tombeau de l’amiral Chabot, un buste de Charles-Quint, et divers bas-reliefs et statues qu’on voyait au Musée des monuments français, témoignaient en outre de son beau talent comme sculpteur.

    Il était de plus très-habile graveur en médailles, et nous a laissé un traité d’anatomie que nos savants ne désavoueraient pas.

  1. Le genre grisaille qu’exploita habilement Jean Cousin, dans les jolis vitraux de la chapelle d’Anet, que nous avons également vus au même Musée, fut adopté dans beaucoup d’églises, comme retirant moins de jour. On a depuis enchéri sur cette idée lumineuse, en remplaçant presque par-