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NOTES.

de plomb, d’un bon effet, en ce qu’il divisait franchement les sujets et les contours, concourent à former des mosaïques éblouissantes. Toutes ces parties sont coloriées dans la pâte. Ce sont des hachures mises par apprêt et passées au feu, qui déterminent les reliefs des draperies, les formes et les traits des figures, et accessoires.

Dans le 15e siècle, des maîtres tels que Henri Mellin[1], Albert Durer et autres grands artistes, firent participer cet art au progrès de la peinture proprement dite. Procédant d’ailleurs dans un autre système, d’après des moyens combinés lors de la fabrication du verre, ils parvinrent à obtenir sur la même plaque, par le mélange de la peinture d’apprêt et de l’émail, des tons fondus, des nuances et du clair-obscur. Déjà les Van Eych, et surtout l’aîné, nommé Jean de Bruges, qui fut chargé de grands travaux pour Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, avaient, dit M. Lenoir, trouvé le secret de se ménager la possibilité d’intercaler d’autres couleurs sur une plaque coloriée dans la fusion, en en suspendant l’effet de telle sorte qu’une des surfaces du verre restât blanche ; en usant alors avec l’émeri[2], du côté colorié, la partie qu’on voulait réserver pour d’autres tons, le blanc reparaissait pour les recevoir.

Parmi les grands peintres verriers du 16e siècle, Jean Cousin[3] tient incontestablement le premier rang. Le

  1. Protégé par Charles V. Charles VII, à la vue du portrait de Jeanne d’Arc, qu’il exécuta en vitrail, pour l’église Saint-Paul de Paris, lui accorda exemption de taxes et divers autres priviléges.
  2. Ce procédé, toujours en usage, a été simplifié à la manufacture de Sèvres. On enduit la réserve d’une pâte, saturée ensuite d’un acide qui ronge la couleur jusqu’à due concurrence. C’est dans le rouge surtout, bien plus éclatant en fusion qu’en apprêt, qu’il importe de recourir à ce moyen ingénieux.
  3. Jean Cousin fut à la fois le premier et l’un des plus grands peintres