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NOTICE

sur les ruines duquel l’hôtel de Cluny a été bâti[1].

Lors même que le soin de multiplier dans l’hôtel les statues et les armoiries de sa famille, comme les attributs de son patron, ne semblerait pas indiquer que Jacques le fit élever de ses deniers personnels et non de ceux appartenant à la congrégation dont il était abbé, nous tirerions cette conséquence de ce qu’aucun des nombreux historiens de Paris n’indique que cet hôtel, après la mort de Jacques, ait continué à être occupé par les abbés de Cluny[2]. Dans tous les cas, ils n’y auraient pas prolongé leur sé-

  1. À cette terrasse, qui régnait sur toute la grande salle encore intacte des Thermes, on a substitué, il y a quinze ans, et inutilement, dit-on, moyennant cent dix mille francs, une toiture de halle assise sur des massifs verticaux et transversaux d’immenses pierres de taille, qui forment un singulier contraste avec les cailloux et les briques romaines qui les supportent. Honneur à l’architecte chargé de cette restauration !
  2. Devons-nous citer à l’appui de cette induction ce passage du Pantagruel, livre Ier, chap. 18 : « Car ledit Thaumaste (ce grand clerc d’Angleterre qui venu de ce pays pour arguer par signes contre Pantagruel, fut vaincu par Panurge) dit au concierge de l’hostel de Cluny, auquel il estoit logé, etc. ? »

    Quoiqu’on ne puisse prendre au sérieux aucun des dires de maître François, il semble que cet assaut burlesque ne concernant en aucun point l’abbaye ni les abbés de Cluny, Rabelais n’a pu désigner cet hôtel qu’à titre d’habitation, peut-être vacante alors, convenable pour un savant étranger, comme l’hôtel Saint-Denis où il loge Pantagruel.

    Il n’eût sans doute pas fait cette désignation inutile et déplacée pour les contemporains, si les abbés de Cluny eussent continué à habiter cet hôtel en 1530, époque où l’on suppose que fut écrit le premier livre de Pantagruel, dont il existe une édition de 1542.