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NOTES.

sophe religieux « ne voulait point qu’on recherchât curieusement l’artifice admirable avec lequel les dieux ont disposé tout l’univers, parce que c’est un secret que l’esprit de l’homme ne peut pas comprendre, et que ce n’est pas faire une action agréable aux dieux que de tâcher à découvrir ce qu’ils nous ont voulu cacher. » (Trad. de Charpentier.)

Il existait d’ailleurs d’autres points de dissemblance entre La Lande et son patron d’adoption, qui pensait : que les sciences demandant un homme tout entier, et le divertissant de plusieurs bonnes occupations, il suffisait, par exemple, en fait d’astronomie, de savoir ce qu’on pouvait apprendre des matelots ou des gens qui chassent la nuit. M. Jourdain, qui n’en demandait pas davantage, était donc à cet égard plus près de Socrate que La Lande.

Ce même besoin de s’élever au-dessus des faiblesses humaines qui domine dans tous les actes de la vie de La Lande, détermina l’annonce et les préparatifs publics d’un voyage entrepris aux yeux de la capitale assemblée, de Paris à Gotha (en l’an 7), au moyen d’un ballon qui le descendit sain et sauf, quelques instants après le départ… au bois de Boulogne.

Aux moyens généraux et naturels, propres à grouper sur lui l’attention du public, il en joignit de plus efficaces encore, en ce que, pris au-delà des bornes posées par la nature même, ils éveillaient les susceptibilités et les répugnances individuelles.

« Il affectait, dit encore M. Delambre, de manger avec délices des araignées et des chenilles, » et fut même imité par une de ses élèves de prédilection, madame Le Paute[1].

    pour être rapportées ici, sur sa laideur, qui prouvait qu’en effet Dieu n’avait pas fait l’homme à son image, etc.

  1. C’est sans doute par reconnaissance qu’il la qualifie, dans une pièce de vers, de sinus des Graces, de tangente de nos cœurs.