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NOTES.

tions nous ait même conservé de beaux fragments, qui formaient à eux seuls des objets d’art remarquables et transportables[1].

Les principaux sculpteurs qui attachèrent leurs noms aux monuments de la période que nous qualifions de renaissance pure, y compris les monuments religieux[2],

  1. Ils ont été en général traités comme moellons, retaillés ou transformés en chaux. Nous rendrons avec plaisir à nos principaux architectes la justice de reconnaître qu’ils ne furent même pas consultés pour le parti à tirer de ces débris.
  2. Indépendamment de ce que les édifices religieux, tant de la renaissance que des époques antérieures, étaient par eux-mêmes des chefs d’œuvre d’art et de goût, ils offraient en outre pour la plupart, à Paris surtout, l’attrait de véritables musées. Millin a consacré près de 200 pages de son ouvrage, bien incomplet, sur nos antiquités nationales, à décrire les richesses en ce genre que contenait la seule petite église des Célestins, fondée par Charles V. C’était à la vérité une des plus richement ornées, surtout par les tombeaux de l’amiral Chabot mort en 1543, par Jean Cousin ; de Charles de Maigni, fait en 1556 par Ponce Jacquio ; par les mausolées des cœurs de Henri II, de Charles IX, du duc d’Anjou et de François II, par Paul Ponce, du cœur d’Anne de Montmorency, par Barthélemy Prieur et Jean Bullant, et par tous les beaux monuments des maisons d’Orléans, de Longueville, etc. Les églises des Cordeliers, des Carmes, de Saint-Benoît, des Mathurins, des Grands-Augustins, des Minimes, des Jacobins, des Feuillants, etc., toutes rayées, avec tant d’autres encore, de la liturgie actuelle, par leur destruction, contenaient également beaucoup d’objets non moins dignes d’intérêt. Quant à l’église de Saint-Denis, qui n’a reconquis dans les magnifiques mausolées de Louis XII, de François Ier, d’Henri II, etc., qu’une portion de ce qu’elle possédait, elle en était naturellement plus somptueusement pourvue que toutes les autres, alors que les violateurs des tombes royales étendirent aux marbres la profanation des cendres. En général il n’y avait guère d’église sur toute la surface de la France qui ne possédât quelques monuments de la belle époque. La déesse Raison, en substituant ses burlesques parades et ses oripeaux tachés de sang à la majesté et à l’éclat des pompes de l’église, s’efforça d’anéantir jusqu’à la trace de notre long fanatisme politique et religieux. Son règne de courte durée suffit à la destruction de l’œuvre de plusieurs siècles ; aussi, peu de monuments, autres que ceux sauvés par M. Lenoir, lui survé-