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NOTES.

trockorum extérieur appartient, si nos souvenirs déjà anciens ne nous trompent pas, à la même époque de transition ; et près de la même ville, la petite fabrique dite des Gendarmes, d’un goût parfait dans sa proportion exiguë[1].

À Évreux, la tour de la grosse horloge, bâtie en 1417,

    sins n’ont pas dû tenir grand compte des tombeaux de nos énervés, mais ils auront pu du moins compléter leur vengeance, en profanant aussi les cendres de la dame de beaulté, de cette gente Agnès, dont la mission galante ne contribua pas moins que celle, toute céleste, de Jeanne à nous rendre maîtres chez nous, par l’échange du royaume de Bourges de son amant contre la souveraineté de la France. Cette conquête de nos richesses monumentales par l’or étranger ne fut pas la seule. Dans le même temps, vers 1820, à la honte de notre pays, où tout est organisé pour la destruction, rien pour la conservation, on laissa démolir et enlever par les mêmes amateurs les admirables sculptures du beau manoir d’Andelys, dit la Grande maison. L’ambassadeur d’Angleterre ne dédaigna pas d’assurer le succès de cette expédition par sa présence ; il s’attendait du moins à une concurrence, et trouva le champ libre, ce qui, nous a-t-il dit à nous-même, convertit ses scrupules en satisfaction, c’est-à-dire son rôle de mutilateur en celui de conservateur d’objets qui, sans lui, eussent été, selon toute apparence, convertis en moellons ou en chaux. On conçoit, d’ailleurs, qu’à part même le plaisir de posséder nos monuments, celui de nous en dépouiller anime nos voisins dans cette sorte de guerre sourde. L’épuisement d’un peuple rival est déjà une conquête.

  1. C’est un petit simulacre de château fort, composé de deux tours, l’une ronde, l’autre demi-circulaire, réunies par un mur crénelé. Sa décoration, consistant en sculptures de très-bon goût, doit être postérieure à la construction primitive. Deux hommes d’armes, en pierre, l’un casqué, l’autre tête nue, sont en disposition de défendre les tours, à l’une desquelles est une fenêtre de la renaissance, d’un goût exquis, avec armoiries les créneaux sont richement encadrés ; des bustes de grande saillie indiquent, par la forme de leur coiffure et de la partie hante du vêtement, l’époque de la fin du règne de Louis XII ; un Janus à trois têtes, auxquelles deux yeux suffisent, sans qu’il en résulte de difformité, rappelle les trois lapins à trois oreilles de la corniche de la chapelle de l’hôtel de Cluny. Voyez page 18.