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NOTES.

de forme mauresque, comme il en existait probablement une sur la tour de l’hôtel de Cluny avant sa conversion en observatoire.

Ce joli manoir est toujours demeuré dans un bel état de conservation, grace aux soins de madame la duchesse Béthune-Charost qui l’habite.

À Brou-en-Bresse, l’église construite en 1515, contenant les beaux mausolées de Philibert, duc de Savoie, de Marguerite de Bourbon, sa mère, et de Marguerite d’Autriche, sa femme[1].

  1. Marguerite d’Autriche, cette gente demoiselle qui ja se lamentoit de mourir telle avec deux maris (Charles VIII, son fiancé, qui l’avait quittée pour Anne de Bretagne, et Jean de Castille, qu’elle allait trouver en Espagne, quand elle composa sa fausse épitaphe au milieu d’une tempête qui menaçait ses jours), remariée une troisième fois à Philibert-le-Beau, qu’elle perdit encore en peu de temps, voulut accomplir à la fois un vœu de sa belle-mère et un pieux devoir de veuve, en faisant élever la jolie église de Brou, et les deux principaux mausolées qu’elle renferme. Plus tard, Charles-Quint, neveu et héritier de Marguerite d’Autriche, y joignit celui de la fondatrice.

    D’après l’ouvrage très-consciencieux du P. Rousselet, malgré le grand nombre d’ouvriers et d’artistes venus de tous les points, ces grands travaux durèrent de 1511 à 1536 et coûtèrent plus de deux cent vingt mille écus d’or, formant environ vingt-deux millions de notre monnaie. Quoique Marguerite fût à cette époque gouvernante des Pays-Bas, on conçoit difficilement qu’elle ait pu réunir les moyens d’alimenter sa persévérance dans cette fondation de pure piété. André Colomban, de Dijon, dirigea la construction de l’église, et Conrad Meyl, sculpteur suisse, celle des mausolées.

    Cette jolie église, de 210 pieds sur 107, haute seulement de 60 sous voûte, et ses mausolées de marbre, si nobles et si gracieux, sont certainement les derniers monuments complets qui aient été construits dans le style gothique avec toutes ses fioritures de transition, malgré la présence des artistes italiens, collaborateurs de Colomban et de Meyl. Aussi les citons-nous comme un type de notre genre de prédilection. Le jubé, les stalles sculptées, les vitraux, les mausolées, le grand tabernacle d’albâtre, et même la statue du maître des œuvres, constructeur, partagent l’admiration des visiteurs de