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NOTES.

À Blois, le vaste et beau château, théâtre de tant de grands événements historiques, jalonnés par ses quatre façades de styles différents, et qu’on a impitoyablement transformé en une caserne, où nous avons vu nos conscrits attaquer trop vivement, à la baïonnette, les belles voussures sculptées des escaliers à vis. Mais nous ne citerons ici, comme premier objet de comparaison, que l’élégante partie qui date du règne de Louis XII, façade de l’est[1].

À Amboise, le beau palais de Charles VIII et de Louis XII, qui n’avait subi que peu d’altérations jusqu’au moment où il échut, comme sénatorerie, à un membre du sénat conservateur, qui ne conserva que la chapelle, ou du moins sa carcasse, comme objet n’étant pas à son usage. Le premier soin de ce nouvel occupant fut de changer les vieilles lucarnes du château en croisées modernes, les gargouilles en gouttières, etc. Héritier pour un cin-

    à son choix, revivre dans sa souveraineté, en rêvant aux tombeaux de ses ducs, on s’enorgueillir, comme Français, de ces témoignages de la munificence de nos grands rois, et de sa participation au bien-être de la grande famille.

  1. Ce château servit de résidence à plus de cent têtes couronnées, princes et princesses : Valentine de Milan y mourut dans les larmes, en demandant vengeance ; il fut le berceau de Louis XII, son petit-fils, qui y tint long-temps sa cour, ainsi que ses successeurs, François Ier, Henri II, Charles IX et Henri III, sous le règne de qui il fut le théâtre de l’assassinat des Guises, 25 décembre 1588. La façade du sud date du xie siècle ; celle du nord, d’une grande importance, et toujours très-élégante, à l’intérieur comme à l’extérieur, malgré son état de dégradation, appartient au règne de François Ier ; quant au corps-de-logis de l’ouest, faisant face en entrant dans la cour, c’est l’œuvre, non terminée, de Mansard, sous la direction de Gaston d’Orléans et de la grande Mademoiselle. On ne peut nulle part trouver un moyen aussi facile et aussi curieux de juger comparativement ces divers styles, et surtout la vanité des efforts du plus grand architecte du xviie siècle, dans sa lutte avec les maçons libres ses devanciers. Anne de Bretagne, Louis XII et Gaston d’Orléans moururent dans ce château.