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NOTES.

existant entre les constructions, les décors intérieurs[1] et les costumes[2] de ces époques, c’est l’aspect harmonieux de cet ensemble, si contrastant avec l’apparence toujours mesquine et discordante de nos plus pompeuses solennités.


  1. Les renseignements qu’on peut puiser dans les miniatures et dans quelques tableaux d’époques nécessairement postérieures à Charles V, sur la décoration intérieure des appartements, sont sans doute fort incomplets ; mais, à ceux tirés de la vue des débris du mobilier et de quelques descriptions éparses ; viennent se joindre les inventaires d’hôtels et de palais, comprenant depuis le moindre objet jusqu’aux joyaux. Parmi les documents à consulter, nous citerons la honneurs de la cour, par Aliénor de Poitiers, petit traité recueilli dans l’ouvrage de Sainte-Palaye, sur la chevalerie ; on y trouve des détails très minutieux, ce qui plaît en cette matière, sur l’état, vers le milieu du xve siècle, de la cour du duc de Bourgogne, qui marchait presque de pair avec celle de France. Les récits des menues dispositions à l’occasion de la gésine de madame de Charollois, de la nativité et du baptême de mademoiselle Marie de Bourgogne, sont particulièrement curieux, en ce qu’ils précisent l’agencement du mobilier suivant l’étiquette. On y parle des grant licts rebrassez, l’un emprez l’autre, et de l’allée qui les partageait ; de leur ciel commun en damas vert, de leurs courtines troussées, à annelets, en satin de même couleur, des gouttières avec franges de soye verde, des couvertoirs de fin drap violet, de draps de fin couvre-chief de crespe empesé, et de grandes chaises à hault dos, de dressoirs à quatre degrés, des chandeliers appelés mestiers, des drageoirs et de leur emploi, etc., etc.
  2. La statuaire a souvent reproduit les costumes, toujours gracieux, de dames, dans les diverses variations qu’ils ont subies. L’habit de ville des chevaliers consistait en un manteau long, de velours, de damas, ou de satin, couleur écarlate, doublé d’hermines ou d’autres fourrures précieuses ; en robes de drap d’or, etc. ; leur coiffure seule laissait à désirer, en ce qu’ils se rasaient le devant de la tête, pour être moins incommodés sous le heaulme, ou pour éviter d’être saisis par les cheveux en cas de chute du casque.