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NOTES.

bliques et privées, qui, disait le roi Jean, bannie du monde, devait se retrouver dans la bouche des rois, et que nous voyons transformée, sous le premier rapport, en langage diplomatique, et sous le second, en requêtes judiciaires ;

Ces fraternités d’armes qui plaçaient dans un commun faisceau tous les acquêts de gloire et de butin, et qui substituant, pour les plus vaillants guerriers la rivalité de prouesses à celle de l’orgueil, créaient des émules aux vainqueurs, des vengeurs aux vaincus[1] ;

    seté. » Voir le serment des chevaliers, dans La Colombière. Voir ainsi dans Lancelot du Lac, l’exécution, de la part du roi Arthus, de sa promesse royale, mais inconsidérée, à un chevalier qui lui avait demandé d’emmener la reine, malgré cette objection de Lyonnel : « Donc est le roi plus serf que autre, et qui voudroit être roy, honny soit-il. » Nouveaux Regulus, les chevaliers, libres sur leur parole, ne manquaient jamais d’acquitter leurs engagements. Les traités de paix même se faisaient sur parole. « Le duc Jean de Bretagne, dit Dutillet, ayant traité de paix avec le roi Charles VI, le 15 janvier 1380, jura, le 20 avril suivant, l’observance du dit traité, par la foy de son corps, et comme loyal chevalier. » Lors de la fuite de son fils, qu’il avait laissé pour otage, le roi Jean n’hésita pas à se constituer prisonnier en Angleterre, où il mourut.

  1. La fraternité d’armes, alliance qui existait quelquefois entre les souverains et les princes, se consacrait par titre entre les guerriers. Voir celui que reproduit du Cange, dissertation 21, à la suite de Joinville, pour la fraternité d’armes conclue en 1370 entre du Gueslin et Clisson. Froissart, liv. IV, chap. xxxix, pag. 144, à propos du récit de l’assassinat du connétable de Clisson, en 1392, dit : « Le seigneur de Coucy monta à cheval, et se partyt, lui huytième seulement, à l’hostel du connétable, derrière le temple où on l’avoit rapporté, car moult s’entr’aymoient et s’appelloient frères et compagnons d’armes. » Le frère d’armes devait être l’ennemi des ennemis de son compagnon, l’ami de ses amis ; tous deux devaient partager par moitié leurs biens présents et à venir, et employer leurs biens et leurs vies à la délivrance l’un de l’autre lorsqu’ils étaient pris. Voir les autres notes de M. Nodier sur l’ouvrage de Sainte-Palaye ; voir aussi l’Histoire de du Guesclin, publiée par Ménard, chap. XXIV, pag. 248, 240 et 206, relativement à la fraternité d’armes de prisons et d’avoir (quant aux prisonniers et au butin) de Hue de Carvalai avec du Guesclin, et au désintéressement de notre chevalier, à sa sortie de captivité.