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NOTES.

Ces missionnaires de l’art, maîtres de leurs souvenirs, en firent hommage à leur retour à leur communauté, dont les liens durent se resserrer par l’importance des premiers travaux, les papes, puissants dominateurs alors de toute la chrétienté, en ayant encouragé l’exécution par tous les moyens. Ce n’était, en effet, que par d’immenses et admirables conceptions qu’on pouvait, en présence des grands monuments de la période antérieure, assurer le prestige et le succès des nouvelles combinaisons.

Les formules mystérieuses de l’association, et le lien si puissant de l’intérêt commun, tout en restreignant l’initiation successive des nouveaux adeptes aux besoins de l’exploitation, permirent de l’étendre presque simultanément à un grand nombre d’entreprises : aussi vit-on l’association de ces véritables francs-maçons, fractionnée d’abord selon les localités, et détruite plus tard par l’isolement et l’intérêt privé, couvrir presque en même temps l’Allemagne et la France de ces immenses vaisseaux dentelés, de ces colossales pyramides à jour, de ces étourdissantes projections aériennes, qui consacrèrent et généralisèrent en Europe, pendant plusieurs siècles, le règne de l’ogive ou de la voûte à tiers point[1].

Les ressources ne manquèrent pas. Le clergé, les seigneurs, le peuple même, dont tous les sentiments étaient dirigés vers les idées de religion et de rémunération au centuple, dans une autre vie, des sacrifices faits pour

  1. L’esprit d’association qui avait déjà présidé sous un autre rapport à la création des basiliques élevées par le clergé, pouvait seul également déterminer et conduire à bonne fin ces dernières entreprises. L’intérêt commun, d’argent comme de gloire, exclut les rivalités mesquines, les lésineries, et surtout les changements de système du continuateur au créateur, qui nous ont valu, par exemple, un Louvre de trois à quatre styles. Telle est la première condition de survivance des architectes libres, trop libres.