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NOTES.

core être confiée par les évêques aux moines, alors plus instruits encore que les laïcs, et l’exécution à des maçons déjà réunis, à ces époques, en espèce de confrérie[1].

Lorsque les croisades et l’émancipation temporaire des communes vinrent secouer l’apathie des populations et commencer leur affranchissement, en transformant les serfs des seigneurs en soldats du Christ et du roi, la vue et l’étude, même rapide, des beaux monuments de la Grèce, de la Syrie et de Byzance, agrandit la sphère d’idées de ceux des croisés que les moines avaient déjà initiés aux grands travaux de construction et aux études propres à régler leurs inspirations.

  1. Il y a trace d’une association de maçons, qui quittèrent la Gaule au 8e siècle pour la Grande-Bretagne, d’édifices élevés en Angleterre au 10e, sous la grande-maîtrise du prince Edwin, et en Écosse, en 1150, par des associations de maçons libres. Le roi Hiram de nos F.-. M.-. était un constructeur du 9e.

    En Allemagne, ces associations, qui avaient pris une grande consistance, furent réunies par un règlement du 25 avril 1459, confirmé par l’empereur Maximilien, en 1498. La société maçonnique de Strasbourg eut le titre et la prééminence de mère loge. (Dulaure, t. 5, pages 366, 67, 68.)

    Les charpentiers, tailleurs, chapeliers, etc., eurent également de tout temps leurs associations et leurs symboles mystérieux de reconnaissance ; mais l’association des maçons constructeurs, la franche maçonnerie, plus importante par la nature des travaux, recrutée d’ailleurs des débris de celle des templiers, violemment dissoute par Philippe-le-Bel, dut survivre à toutes les autres et les absorber en partie. Toutefois, tandis qu’en France surtout, le croisement des initiés et le mélange des rites dénaturaient le but de cette institution, devenue plus disposée à démolir qu’à construire, et dont les manœuvres occultes mises à jour sont tombées chez nous dans l’absurde, l’intérêt ou l’amour-propre individuel rompait chez les maçons libres le lien que l’intérêt commun avait formé. Les membres de la société régulatrice ne tardèrent pas à s’émanciper et à opérer pour leur compte, sous le titre de maîtres des œuvres, transformé sous Henri III seulement en celui d’architecte.

    Il y avait aussi pour la construction des ponts une association de frères pontifes (voy. Ducange, au mot fratres pontis), remplacée aujourd’hui par une direction générale.