Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
NOTES.

confiaient qu’à leurs œuvres et à leur pays le soin de leur renommée. Le pays, notre pays seul a trompé leur attente : aussi l’accusons-nous hautement d’indifférence et d’ingratitude envers ceux qui lui firent sa plus solide part d’illustration.

Qu’on nous cite un historien, un chroniqueur, un de ces aimables deviseurs français de ce siècle, si célèbre par les arts renaissant en Italie, et naissant, dit-on, en France, qui se soit occupé de nos annales sous ce rapport ? Où voit-on, qu’à propos même des circonstances historiques relatives à tel édifice, on ait inscrit dans nos fastes quelques détails en l’honneur de ceux à qui on le doit, ou qui puissent faire concevoir ce qu’il fallut de résolution et de génie pour l’entreprendre, de talent, de sacrifices et d’efforts pour l’exécuter ?

Le hasard, le déchiffrement de vieilles chartes ou comptes d’ostels, quelquefois la sage prévision de l’artiste, ou son épitaphe, ont seuls révélé, pour la plupart de nos grands travaux, quelques noms qui reposaient dans l’oubli depuis des siècles, près d’autres plus nombreux et non moins recommandables que nous ne connaîtrons jamais.

En Allemagne, en Hollande, en Flandre, le culte des artistes fut toujours inséparable de celui des arts. L’Angleterre, long-temps réduite à vivre d’emprunts à cet égard, s’est toujours montrée plus jalouse de ses productions exotiques que nous de nos chefs-d’œuvre indigènes. L’Espagne consacra, dit-on, avec soin les titres de gloire de ses peintres, sculpteurs, architectes, etc. ; et l’Italie nous a légué, dans de nombreux recueils, comme celui de Vasari, jusqu’aux moindres particularités de la vie privée de son immense population artiste.

En France, au contraire, et bien que depuis trente ans on se livre sur ce sujet à de grandes recherches, notre