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NOTES.

existent, en partie du moins, dans une autre cour du même local[1]. Le grandiose de l’ordonnance, l’harmonie des proportions, la multiplicité, la richesse et le bon goût des sculptures d’ornements, où le clocheton, la dentelure et l’ogive gothiques se marient, sans désaccord, avec le pilastre italien et les arabesques florentines, mêlées aux hermines[2] de Bretagne, offrent à tous les

  1. Oui, les autres parties de ces sculptures, que M. Lenoir lui-même croyait anéanties, existent, quoique bien altérées par le long séjour qu’elles ont fait, à titre de décombres superposés sans soin, sur un sol humide et herbageux.

    Arrachées tout récemment, par la marche des constructions de la nouvelle école des beaux-arts, au cimetière des Petits-Angustins, qui était devenu le leur depuis 40 ans, elles sont placées de manière à faire supposer qu’on chercherait à aviser aux moyens d’en tirer parti. Oserons-nous ajouter que nous nous sommes laissé dire, il y a peu de jours, en les passant en revue, qu’on se proposait de les employer dans une construction semi-circulaire, dont le portique, encore debout, formerait le centre, ce qui ferait au moins un frontispice convenable à notre école des beaux-arts ? Parlerons-nous aussi de la confiance qu’on peut mettre à cet égard dans les idées larges et dans l’instruction littéraire et artistique des deux inspecteurs-généraux des beaux-arts, champions éprouvés dans la croisade contre le vandalisme, nécessairement appelés successivement à l’examen de ce projet, et du jeune architecte qui serait chargé de son exécution ? Le concours de si dignes représentants de cette jeune France, juste appréciatrice, pour la première fois, depuis deux siècles, des vrais mérites de son aïeule, peut sans doute… ; mais attendons…, les déceptions rendent méfiant : d’ailleurs, notre siège est fait.

  2. Les armes de Bretagne, qui figuraient encore, dans les derniers états de Bretagne, sur le siège du gouvernement de cette province, à côté de celles de France, contenaient des hermines que l’on retrouve dans l’écu mi-parti de lis adopté par la duchesse Anne, fille du dernier duc. Depuis le mariage de Charles VIII, cet écu se retrouve sur tous les travaux d’art de cette époque, notamment sur ceux exécutés dans le duché si étendu de Bretagne. Les divers meubles qui garnissent maintenant la chapelle de l’hôtel de Cluny, chappiers, chaires, coffres, etc., tirés presque tous de villes relevant de cet ancien duché, en font foi. La même princesse institua pour les dames de sa cour, en l’honneur, dit-on, des