En 1490, la France, accablée depuis de longues années sous le poids des guerres intestines, et concentrée pour ainsi dire en elle-même, n’avait pas encore participé à l’élan nouveau que donna aux arts, dès 1400 et dans tout le xve siècle, en Italie et en Allemagne, le génie de Brunelleschi, des Donatello, de Ghiberti, de Jacobo della Quercia[1], et
- ↑ Ces quatre grands sculpteurs, contemporains de Masaccio, concoururent à la confection des portes du Baptistère de Florence, que Michel-Ange considérait comme dignes d’être les portes du ciel. Brunelleschi, chargé, dès 1407, de la construction de la belle cathédrale de Florence, est le premier qui ait remis en honneur les ordres classiques dont Vignole surtout fit une grande application en France, dans les grands travaux qu’il exécuta de concert avec le Primatice.
les ongles de deux pieds pour le moins, occupés à presser les grapes pour en tirer de l’huile d’or. » (Pantagruel, liv. iv, chap. 16.)
Il est à croire que Joconde n’eut à s’occuper que de faire la façade et d’embellir cet édifice, qui avait été construit à neuf, en moins d’an et demi entiers, environ 60 ans auparavant, ainsi que le constate cette inscription du temps placée en face du grand escalier :
L’an mil quatre cent quarante-six
Par messieurs du grand bureau
Fut ordonné de sens rassis
Faire ce corps d’ostel nouveau
Qui fut devisé ainsi beau
Par les correcteurs de céans
Lesquels y plantèrent leur seau
Comme gens à ce bien seans
Etc.