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NOTES.

Et cependant, tout ce qu’on peut rencontrer encore de ces objets, en France, ne forme certainement pas la dixième partie des richesses en ce genre, de notre pays, encore mieux pourvu, malgré ses pertes, que ceux même dont l’avoir s’est accru de nos dépouilles.

Le reste a disparu depuis long-temps et pour jamais. Les vers et la Monnaie[1] ont d’abord pris leur bonne

    fabriquer des cuirasses, brassards, tassettes, genouillères, etc., à l’épreuve de l’arquebuse. On ne voit pas qu’on ait cherché à en fabriquer à l’épreuve de ces projectiles gigantesques, employés dès la fin du 14e siècle, selon le récit de Froissart, contemporain. À propos de la pièce d’artillerie dont Philippe d’Artevelle, le fils du brasseur flamand, révolté, fit usage au siège d’Ondenarde, avant la bataille de Rosbec, donnée en 1382, il dit :

    « Les Gantois ouvrerent une bombarde, laquelle avoit cinquante pieds de long, et jettoit pierres grosses et pesantes merveilleusement, et quand cette bombarde décliquoit, on l’oyoit bien de cinq lieues loin par jour, et dix par nuit, amenoit si grande noisée au déclique, qu’il sembloit que tous les diables d’enfer fussent en chemin. »

    Voilà les coulevrines de 24 pieds, dont nous avons parlé, page 71, réduites à un rôle bien secondaire. C’est au siège que Charles VI mit devant Arras, en 1414, qu’on se servit, pour la première fois, en France, de canons à mains, remplacés plus tard par les escopettes, arquebuses, mousquets, fusils, etc.

  1. Les chances de conservation des objets d’art en matières fusibles, sont en raison inverse de la valeur du métal. On a calculé que les embarras financiers, comme les variations du goût, déterminaient dans chaque siècle le renouvellement de plus des trois quarts de ces objets, surtout de la vaisselle de luxe, malgré les précautions prises à cet égard par quelques propriétaires, qui, pour assurer la substitution à leurs descendants de certaines pièces d’argenterie importantes, y faisaient graver les mots non venundetur. Sans remonter à l’emploi que les Corinthiens firent de leur vaisselle, ni même à notre roi Gontrand, qui fit fondre celle du duc de Mummol, pour faire des aumônes, non plus qu’aux dévastations des iconoclastes, nous trouverions, dans des temps plus rapprochés, des témoignages de ce renouvellement. Sous Charles VII, un grand nombre de Français suivit l’exemple donné par Agnès du noble sacrifice qu’elle fit de sa vaisselle et de ses bijoux, pour offrir à son royal amant les moyens d’affranchir sa couronne et la France. L’historien Jean Chartier cite, entre