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SALLE À MANGER.

Supposez que ces chaieres et ces faulx d’estuels attendent les conviés, et sonnez la cloque d’appel.

Voici venir ces chevaliers, relevés de leur service d’honneur près du lit de leur maître, ou suspendant leur lutte pacifique sur l’échiquier du Vieux de la Montagne. Le heurt et l’entre-choc de leurs armures retentissantes annonce leur venue. Déjà paraît la tourbe des servants royaux obligés : paiges, portefais, sert d’eau, varlets, valetons, potagers, hasteurs, galoppins, porte-tables, saulciers, verduriers, garde vasselle, sommiers de bouteille, pannetiers, eschanson et maître queux[1], manœuvrant à ces cris de l’huissier de cuisine :

« Au potage ! à la viande ! haut la masse ! et marchez en tête du cortège. »

Tandis que nos preux dépouillent le heaulme et délacent le hallecret[2], et que les servants donnent à laver, le service couvert[3] se dresse en harmonie avec les plats destinés à le contenir. Remarquez que la couleur grise ou rouge de ces perdrix est distinguée par l’argenture ou la dorure des becs et pattes ; que cette omelette est saupoudrée de fines perles[4] ; que

  1. Nous ignorons quelle était celle de ces nombreuses spécialités à laquelle était dévolue la charge de promener autour de la table le moutardier d’argent, pesant 20 marcs, dont parle Monteil (d’après un inventaire), objet que nous regrettons de ne pas voir dans la collection, ainsi que les trois drageoirs du ducq Philippe valant, dit Aléonor de Poitiers, 30 et 40 mil écus pièce.
  2. Sorte de corcelet en lames de fer, qu’on portait sous François Ier.
  3. On servait toujours couvert dans les grandes maisons.
  4. Description de l’île des Hermaphrodites, chap. Police, art. 17. Monteil, dans sa Station 66, t. 6, fait remarquer