Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
HÔTEL DE CLUNY.

génie, créateur pour la France, et d’ailleurs si inventif, de Bernard Palizzi[1].

À tout ce luxe d’apparat vient succéder, lorsque l’illusion doit faire place à la réalité, le modeste couvert du quartier latin, la nappe de cretonne, la porcelaine blanche de Chantilly, le flacon de Sèvres, et l’aiguière sans anse du Mont-Cenis.

Que si ce désenchantement vous semble trop cruel, qui vous empêche de conserver votre illusion en la reportant sur l’ordonnance d’un repas de la vieille France, fait sous le patronage de ce roi chevalier dont l’image et les devises président à cet ensemble[2] ?

  1. Nous renvoyons à une note (U) les détails sur Bernard Palizzi, physicien hydraulicien, sculpteur, peintre sur verre et potier de terre, dont la célébrité en France date du milieu du 16e siècle.
  2. Nous avions à choisir dans les descriptions de divers festins faites par les écrivains de ce temps ; mais, dans la crainte de rassasier les dames surtout, nous avons rejeté le service mentionné au chap. 22 des comtes d’Eutrapel. « Le pot sur la table sur la quelle y avoit seulement un grand plat garni de bœuf, mouton, veau et lard, et la grande brassée d’herbes cuites dont se faisoit un broüet vray restaurant et élixir de vie. »

    Nous ne nous sommes pas arrêté non plus au souper de la reine Quintessence ou Entéléchie, que Rabelais compose, dans les mêmes principes gastronomiques, « d’un pot pourry plein de potager d’espèces diverses, sallades, fricassées, saugrenées, cabirotades, roty, bouilly, carbonades, grandes pièces de jambon d’anticquailles, saumates déifiques, patisseries, tarteries, formaiges, joncades, gelées, fruits de toutes sortes. »

    Il nous a semblé que, pouvant nous appuyer pour un service plus élégant et moins commun, sur des autorités également respectables, il ne nous en coûterait pas plus d’en régaler nos aimables lectrices, si nous sommes assez heureux pour en trouver.