Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
PIÈCE DES THERMES.

sité site. À qui donnez-vous cette jolie figure ? lui demande-t-on de toutes parts. À personne, semble-t-il répondre tout d’abord ; et, en effet, réduit à procéder par conjecture, il se borne à faire remarquer la conformité de goût, de graces, de traits et d’ajustement qui existe entre cette statue et la figure de jeune femme peinte sur un tableau voisin. Mais de qui ce tableau ? Surcroît d’embarras ! Les artistes de ce temps étaient, nous le répétons, d’une modestie désespérante.

Pour se rendre compte de l’énorme différence qui peut exister entre tels et tels travaux de luxe d’un même genre, différence subordonnée aux époques comme au degré de talent des artistes, qu’on compare la sculpture du cadre d’ébène de la glace placée sur la cheminée, avec les travaux analogues des règnes de Henri IV et Louis XIII. Ce fut alors que, sacrifiant l’art à la matière, on repoussa des grands ameublements le bois indigène, comme trop commun, pour y substituer, par les facilités que donnaient nos relations alors nouvelles avec l’Amérique, l’ébène plus fin et plus poli, qui fut à son tour exclus, sous Louis XIV, par la marqueterie de boule et par la dorure dont le règne dure encore après des phases diverses. Dès ce premier moment, l’art, devenu secondaire, devait décliner et tomber. Ainsi fit-il.