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alexandre du sommerard

pour ainsi dire, les secrets. Il fallait une grande sagacité de critique, et un talent d’observation très subtil pour deviner les lois de cette archéologie encore inexplorée. C’était le temps où l’on regardait l’octogone de Montmorillon comme un temple de druides, et où l’on montrait au Musée de l’artillerie une cuirasse du xvie siècle pour l’armure de Roland. Du Sommerard observa les rapports intimes qui existent entre les arts et l’industrie. Non seulement il s’initia à la vie intime et aux mœurs de nos aïeux en étudiant leurs meubles, leurs ustensiles, leurs procédés de fabrication, mais encore il reconnut qu’il a existé à toutes les époques des ouvriers modestes, dignes du nom d’artistes, et dont les productions révèlent le goût et quelquefois le génie. Découvrir leurs ouvrages, en faire ressortir les qualités, les proposer comme des modèles à nos fabricants, devint pour du Sommerard une constante préoccupation. Rendu à la vie civile et attaché à la Cour des Comptes, d’abord en qualité de référendaire, puis de conseiller-maître, il employa tous ses loisirs et la plus grande partie d’une fortune modeste à réunir, classer et publier une collection d’objets d’art du moyen âge et de la renaissance. Chaque jour son cabinet s’enrichissait de meubles, de vases, d’ustensiles de toute espèce qu’il arrachait aux destructeurs ; car pendant longtemps, il fut presque le seul qui s’occupât à Paris de recueillir ces curiosités si recherchées aujourd’hui. Peu à peu il eut des imitateurs, et bientôt des envieux. Personne ne visitait cette riche collection sans perdre quelques préjugés, sans gagner quelque instruction utile. Toujours prêt à répondre aux questions des gens de goût et même à celles des curieux indiscrets, Alexandre du Sommerard faisait les honneurs de son cabinet avec une politesse exquise, et, sans avoir l’air de professer, il donnait des leçons d’archéologie pratique qui intéressaient et qu’on n’oubliait point. On sait avec quelle déplorable insouciance les administrations municipales de Paris ont laissé détruire tant de monuments qui faisaient la gloire de notre capitale. L’Hôtel de Cluny, seul reste des palais du moyen âge, autrefois si nombreux à Paris, dut sa conservation à du Sommerard, qui vint y établir son domicile et y placer sa collection comme une espèce de sauvegarde. C’est là qu’il termina son grand ouvrage, les Arts au moyen âge (Paris,