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VIII
LE PALAIS DES THERMES

par la Commission des monuments historiques, le ministre de l’intérieur, M. le comte Duchâtel, présenta un projet de loi pour l’acquisition de cette belle collection, destinée à devenir la première base d’un Musée d’antiquités nationales.

L’Hôtel de Cluny, le seul de tous les monuments civils du moyen âge qui restât encore debout sur le sol de l’ancien Paris, fut choisi pour servir d’abri au nouveau Musée ; la Ville, s’associant à cette noble création, offrit en pur don au gouvernement les ruines du Palais des Thermes, précieux débris de l’art gallo-romain.

La collection du Sommerard et l’Hôtel de Cluny furent acquis par l’État, en vertu de la loi du 24 juillet 1843, et le nouveau Musée fut immédiatement constitué sous le nom de Musée des Thermes et de l’Hôtel de Cluny[1].

  1. Alexandre du Sommerard, né à Bar-sur-Aube en 1779, est mort à Saint-Cloud, en août 1842, à l’âge de 63 ans. Il était alors conseiller-maître à la Cour des comptes. Il a laissé de nombreux travaux sur les arts, entre autres le grand ouvrage des Arts au moyen âge.

    Le Musée des Thermes et de l’hôtel de Cluny a été fondé, comme il a été dit plus haut, par la loi du 24 juillet 1843, portant acquisition par l’État de la collection du Sommerard et de l’Hôtel de Cluny.

    L’exposé des motifs présenté à la Chambre des députés à l’appui du projet de loi, dans la séance du 26 mai 1843, par M. le comte Duchâtel, ministre de l’intérieur et des beaux-arts, définit en quelques lignes les raisons qui ont amené le gouvernement à proposer, en même temps que l’acquisition des collections réunies par M. du Sommerard, celle du monument dans lequel elles se trouvaient installées, pour en faire un musée spécial placé dans les attributions de la Commission des monuments historiques.

    « Dans cet édifice, dernier reste de la magnificence du vieux Paris, devenu la propriété d’un ancien libraire, se trouve aujourd’hui, disait l’honorable auteur de l’exposé, une précieuse collection qu’il était pour ainsi dire destiné à recevoir, tant il y a d’harmonie entre ces vieilles murailles et les objets qui s’y trouvent réunis. Un homme de goût et de savoir avait créé cet heureux ensemble ; sa mort allait en rendre la dispersion inévitable, lorsque avertis par les réclamations unanimes de tous les hommes qui attachent quelque prix aux souvenirs de nos arts et de notre histoire, nous avons cru devoir chercher s’il existait un moyen de prévenir ce triste résultat.

    « La famille de feu M. du Sommerard ne pouvant conserver pour elle-même cette importante collection, se disposait à la mettre en vente, et les offres les plus brillantes, venues de l’étranger, jointes à l’empressement des amateurs de la capitale, ne permettaient pas de douter que le prix de cette vente ne fût de beaucoup supérieur à la somme que nous pensions pouvoir vous demander d’y consacrer. Mais, poussés par un sentiment généreux, les héritiers de M. du Sommerard ont préféré, à la certitude d’un prix plus élevé, l’espoir de voir conserver à toujours l’œuvre de leur père. » — Exposé des motifs, séance du 26 mai 1843.