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PERVERSE

Elle ne le vit point.

Il était là, près d’elle, et elle ne pouvait lui dire qu’elle était reconnaissante, et qu’elle se souviendrait.

Et ces côtes qui devenaient plus distinctes…

Dans quelques heures, on serait au port.

Ces quelques heures passèrent avec une rapidité inouïe, affolante.

Paula était déjà une abandonnée, et, si elle n’eût eu de la honte, elle aurait pleuré.

Une lueur d’espoir vint la consoler :

Paris avait des joies encore plus grandes, peut-être !

Inconsciente, rêveuse, accoudée au-dessus de l’abîme, elle laissait ses yeux passer sur les vagues bleues, au ras du navire, où des ronds d’écume moutonnaient comme des points de neige sur un miroir ancien.

L’agitation grandit encore autour d’elle, déjà on préparait la passerelle qui donnerait accès au ponton.

Les sirènes soufflèrent lamentablement