Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA FOLLE DE SUCINIO

récit des grèves




Je retrouve, dans mes esquisses de voyages, le récit oublié d’une visite que je fis à Sucinio, en octobre 1851 ; voici cette simple relation, telle que je la crayonnai rapidement, un soir, sur les feuillets de mon album, au milieu des ruines du vieux château.

À peine entré dans la cour, j’ai remarqué une pauvre petite fille, de douze à quatorze ans peut-être, pâle, maigre, étrange, au regard atone, à l’air souffrant. Je me suis senti pris de pitié à sa vue. Elle paraissait suivre avec envie les évolutions des oiseaux de proie qui tournent sans cesse au dessus des murs et des hautes cheminées. Après avoir examiné quelques moments ces majestueux débris, qui ont résisté à la rage des démolisseurs modernes, j’ai eu, je l’avoue, tristesse et froid au cœur, dans cette enceinte, jadis princière, aujourd’hui désolée…

L’enfant, — je dirais la jolie enfant, sans sa misère