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UNE CHAISE EN ENFER


les deux. Vous verrez, ma jolie nièce, comme j’ai conservé votre petite chaise à côté du fauteuil de votre mari. Hi, hi, hi.

— Partons, dit Finette.

Nos époux furent très-bien reçus en enfer, où ils se rendirent avec leur oncle en passant par la fameuse porte rouge, toujours ouverte aux amateurs pour entrer, sensé, mais pour sortir, jamais !…

Le diable était, dit-on, très-galant pour la jolie Finette, si bien que notre ami Griffard avait une terrible envie de corriger son oncle ; mais Finik lui disait tout bas de ne pas faire attention.

Finalement, quand le diable les eut bien régalés, tout en leur montrant les curiosités de l’enfer (et l’on dit qu’il n’en manque pas, et que l’Exposition de Paris n’est rien du tout auprès), Finette se trouvant fatiguée demanda à s’asseoir. Alors on les conduisit à leurs places. Griffard Ier s’assit enfin sur son fameux fauteuil fait avant sa naissance, et sa femme sur sa petite chaise. Le diable se frottait les ongles tant il était content. Au même instant on entendit des cris, des cris à épouvanter les damnés : c’était Griffard qui hurlait :

— Ça brûle, ça brûle !! Enlevez-moi d’ici, mon oncle, ou je suis cuit, rôti tout vif !

Mais le grand diable se tordait à force de rire, sensé, et ne prenait pas garde à Finette, qui avait fait semblant de s’asseoir et se penchait, pour détacher de dessous sa chaise, la petite fiole qu’elle y avait placée autrefois.