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UNE CHAISE EN ENFER


Félicité s’en revint donc comme sa sœur, et fut bien surprise le lendemain matin d’entendre Hastit hennir dans son écurie.

— Par les cornes de mon oncle ! s’écria Griffard, qui faisait semblant de se mettre en colère, il me faut de l’argent sans tarder ; et décochant un joli coup de pied à Iann Kidour, il l’envoya chercher Finette sur-le-champ.

Fine déclara tout de suite qu’elle était prête à partir. Elle s’en alla donc trouver le roi Bouzar ; lui demanda, en criant fort, son bon cheval Hastit, plus rapide que le vent, et se mit en route à l’heure voulue.

— Halte-là ! qui va là ?… même voleur, même air, sensé, mais non pas même chanson.

— Je te tue si tu bouges, cria Finette en lui présentant le canon d’un gros pistolet[1] qu’elle avait emporté par précaution.

— Oh ! ne me tue pas, mignonne, dit le voleur d’un ton radouci ; tu me reconnais bien, j’espère ? c’est moi, Griffard, ton bon ami qui est venu ici pour vous éprouver, toi et tes sœurs. Tu es la plus brave, Fifinette, et si tu veux, je te demanderai à ton père, quand nous aurons attrapé un petit peu d’argent pour faire bouillir la marmite ?

La jolie princesse mit sa petite menette dans la poigne de Griffard. Elle sauta en croupe sur Hastit, et ils filèrent comme un coup de vent, du côté de la caverne aux écus.

  1. Un pistolet en l’an mille… nos conteurs en font bien d’autres.