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UNE CHAISE EN ENFER

conte




I

Les maisons isolées sur les routes presque abandonnées qui traversent les montagnes, maisons trop nombreuses encore pour le bonheur des paotred-kaled (durs garçons) de la Basse-Bretagne, tristes cabanes qu’une lourde vapeur de cidre environne et dont un fagot de gui orne toujours la façade lézardée ; ces maisons-là, vous en conviendrez, sont bien nommées, trop bien qualifiées par ces mots : chapel an Diaoul, chapelle du Diable.

Hélas ! il n’est que trop vrai, nos paysans bretons y font de trop fréquentes stations : le cidre détestable qu’ils y trouvent a pour eux un goût qu’aucune liqueur n’égale sur la terre. Ils oublient peines, douleurs, misère ; ils oublient femme, enfants, famille ; ils oublient intérêts, affaires, religion ; ils oublient tout, — jusqu’à leur conscience.