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FANTÔMES BRETONS


accompagne d’un ton lugubre le chant monotone des oiseaux de nuit.

— Si tu veux abattre ce morceau de muraille et briser ce bonhomme décrépit, murmure Penvern à l’oreille du meunier, je te diminuerai trois écus au prochain bail.

— Trois écus, maître, c’est joli sans doute ; mais diable rouge ! casser un saint par morceaux… je ne pourrai jamais.

— Allons, j’irai jusqu’à six écus… Hein ? C’est dit ?

Malhur-bras ! s’écrie Furik en levant la main pour saisir un marteau, que le marchand avait apporté la veille par précaution. Six écus ! quel profit ! Mais je suis sûr que saint Roch me couvrira d’ulcères, si je touche à ses guenilles. Écoutez, Falloc’h… j’entends crier vengeance sur nous dans le fond du bois… Oh ! c’est impossible.

Et le meunier, dont les dents claquaient de terreur, se laissa tomber sur un tas de pierres.

— En ce cas, je m’en charge, par tous les diables ! s’écria Falloc’h ; et tout de suite encore. Quant à toi, tu me le paieras, double pendard.

À ces mots, sans attendre que la lune revînt lui prêter son flambeau, l’impie furieux, le marteau à la main, s’élança vers la niche, où il frappa à coups redoublés. Au même instant, une voix lamentable se fit entendre à peu de distance :

— Une place ! disait cette voix, qui me donnera une place pour reposer ma tête ?

En effet, la niche de saint Roch était vide ; le bon