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LA CHAPELLE DE LOK-MARIA DE GROIX


— Descends, descends, petite malheureuse, cria le marin : le vent est trop fort, il va t’emporter.

— Tout à l’heure, quand j’aurai fini, répondit d’en haut une voix claire et tranquille.

Quelques minutes après, l’aventureuse paysanne descendit ou plutôt se laissa glisser en rampant le long des corniches, avec l’agilité et la sûreté d’un chat sur des gouttières. La voyageuse aérienne, une enfant de treize ans, toucha bientôt la terre sans accident.

— Dis-moi, petite, lui dit Abel, pourquoi as-tu allumé ce fanal ?

— Pour sauver mon père et les autres, répondit la paysanne.

— C’est bien beau, j’en conviens, mais c’est bien dangereux ; et qui te donne tant d’adresse et de courage ?

— Le bon Dieu !

— C’est vrai, c’est admirable ! murmura Abel attendri.

— Je la reconnais à présent, dit le vieux marin, en baissant la voix : on la nomme Marguerite ; elle est toute mignonne. C’est la fille unique d’un pêcheur ou petit caboteur de Kerhoret, auquel M. Rochelan…

— Assez, assez, Jacques ; à l’avenir je veux m’occuper de ce signal. Quelle leçon vient de nous donner cette pauvre créature ! Mais il est temps d’aller à la mer. Marguerite, veux-tu venir avec nous ?

— Je ne sais pas, dit la petite avec incertitude, car vous êtes le fils du bourgeois…

— Oui, mon enfant, c’est vrai ; seulement il ne faut