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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


coup deux ombres parurent sur la grève à moins de dix pas de Corfmat, qui luttait en faisant face à l’Océan ; puis, quatre secondes après, Corfmat renversé roulait sur le sable humide, tandis que le recteur suppliait les amis qui venaient de l’arracher aux mains de ce traître de ne pas frapper inutilement un tel misérable, que la justice allait enfin punir comme il l’avait mérité.

Le Nantais fut solidement garrotté en une minute, malgré sa résistance et ses jurements, par les deux marins venus si fort à propos ; puis il fut aussitôt traîné ou poussé du côté de la cambuse, dans laquelle, cette fois, il n’entra pas en maître. Là, renfermé dans un arrière-cabinet sombre et garni de solides fermetures, il put réfléchir à son aise sur sa situation et meurtrir contre les murailles ses poings, qui, pour le moment, semblaient incapables de l’arracher au sort que sa méchanceté lui avait préparé.


VI. — Évasion.

Si nous écrivions un roman avec tous ses détails et ses longues péripéties, ménagées à plaisir, nous pourrions faire de nombreux chapitres avec ce qui nous reste à dire. Nous dirions ce qui se passa dans la prison de Corfmat, puis à bord de la flotte anglaise, où l’on attendit le traître pendant trois jours. Nous dirions comment (les vaisseaux anglais ayant été contraints de prendre le large, sauf une belle corvette, l’Atalante, qui se perdit sur un banc) la Galathée profita de cette circonstance en gagnant le port de