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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


où les embarcations de l’île de Houat se trouvaient à l’ancre ou échouées sur le sable.


V. — Prêtre et bandit.

Cependant la tante Catherine, ne voyant pas sa nièce rentrer au logis, commença de compter les minutes avec une inquiétude croissante. Le feu s’éteignait peu à peu sur le foyer ; l’île était silencieuse au dehors, sauf le bruit des lames qui roulaient sur les grèves ; et l’on conçoit aisément que dans de telles circonstances l’inquiétude la plus légitime se change bientôt en une invincible angoisse. Cela ne tarda pas à se produire dans l’esprit de la vieille femme, si dévouée à la malheureuse qu’elle attendait en vain. Elle quitta donc sa place auprès du foyer, rangea son rouet dans un coin, s’assura que la petite fille dormait paisiblement, et après avoir écouté une dernière fois contre la porte pour essayer de percevoir, au milieu du bruissement des rafales, l’écho affaibli de quelques pas lointains, elle sortit avec précaution de la cabane et se dirigea vers le presbytère…

Le recteur n’avait point vu Anna de toute la soirée. Il ne put se défendre de partager les inquiétudes de la bonne Catherine, et tout en la consolant de son mieux, il la reconduisit chez elle. Puis, sans faire attention aux vertes remontrances de Barbane, qui courait après lui dans l’espoir de le retenir, M. Tanguy alla explorer les falaises où Anna se rendait le plus souvent depuis le retour de la Galathée.

Le prêtre ne tarda pas à rencontrer la jeune femme,