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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


de la Galathée. Elle demeurait ainsi immobile, des heures durant, sans souci du vent, de la pluie ou de la nuit qui s’approchait avec rapidité.


III. — En vue.

… Un jour, une grande partie de la population de l’île se trouvait réunie sur un cap élevé d’où l’on apercevait, comme une rade immense, toute l’étendue de la mer, bornée au levant et au couchant par les côtes sauvages de Belle-Île et de Hoédik. Quoiqu’il fît une forte brise de Sud-Ouest, la mer était pourtant assez belle pour un jour du mois de février. Sans cela, c’est-à-dire si les rafales, qui avaient soufflé pendant toute la nuit, ne se fussent ralenties au lever du soleil, la Galathée, de l’avis de tous les spectateurs, était perdue sans miséricorde ; mais en ce moment elle paraissait en voie de gagner un bon mouillage à quatre milles de la pointe de Hoédik.

Le temps s’étant éclairci, on distinguait parfaitement la coque et la mâture du navire ; mais on voyait à n’en pouvoir douter, à cause du peu d’élévation de ses bastingages au-dessus de la mer, qu’une grande quantité d’eau avait envahi la cale.

— M’est avis, dit un marin après avoir observé, au moyen d’une longue-vue, les manœuvres de la frégate, m’est avis, mon ancien, que l’ancre a mordu le fond. Qu’en pensez-vous ?

— Je pense que ceux-là ont eu de la chance ; voilà, répondit le loup de mer en observant à son tour.

— De la chance !… fameuse chance d’arriver devant