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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


d’organiser les travaux de la journée. Aux uns, aux moins valides, il ordonnait de rester à terre pour s’occuper soit du radoub des vieilles barques, soit des réparations à faire aux filets avariés, soit des salaisons de divers poissons destinés aux provisions de l’hiver ; aux autres, à ceux qui pouvaient encore tenir l’aviron ou la barre du gouvernail, il assignait tel ou tel poste, indiquant à chacun, avec une promptitude et une sûreté de coup d’œil incroyables, les heures propices, les engins les plus favorables pour la pêche projetée, et les meilleurs endroits pour s’y livrer avec plus de succès.

Il n’oubliait pas non plus l’administration de sa petite république. Après avoir béni la flottille des pêcheurs à leur départ, il revenait à la cambuse ou à la mairie ; et là, de concert avec le bonhomme Lizon, son conseiller intime, il passait en revue tous les détails spirituels et temporels de son gouvernement. Les achats, bien modestes, il est vrai, étaient décidés après un examen sérieux ; on faisait scrupuleusement le compte de chacun pour arriver au compte de tous, parce que les recettes et les dépenses devaient toujours être balancées, ainsi qu’il en doit être dans un État bien gouverné…

Quelque temps après, des gens venus de Port-Navalo (petit port situé à l’embouchure du Morbihan), dans le seul but de trafiquer avec les pêcheurs de Houat et même sans doute avec le recteur pour des bois de construction, fers, toiles à voiles, etc., annoncèrent que plusieurs combats avaient été récemment livrés