rage, l’avaient plus d’une fois cité à l’ordre du jour de la batterie. Mais, depuis une année bientôt révolue, pas une nouvelle rassurante n’était venue calmer les justes inquiétudes de sa malheureuse femme ; au contraire, malgré les précautions que les gens charitables prenaient à son égard, elle entendait parfois raconter des épisodes terribles de combats toujours glorieux, mais toujours sanglants. L’infortunée ne cessait donc pas de s’attrister de plus en plus chaque jour.
Le retour du Nantais, de cet homme méchant qui répandait une sorte de terreur autour de lui, augmenta les angoisses de la jeune femme et mit le comble à ses mortelles alarmes.
Il n’y avait alors à l’île de Houat, de même que dans tous les quartiers maritimes, qu’un petit nombre de marins valides. Ceux qui restaient à terre, dans ce temps-là, étaient ou trop jeunes ou trop vieux pour le service, ou réformés pour blessures graves. Nous avions, il est vrai, remporté de belles victoires sur la mer ; le pavillon français y montrait partout ses nobles lambeaux. Mais, hélas ! que de désastres pour payer tant de gloire !… L’île de Houat avait beaucoup souffert dans les dernières campagnes, et M. Tanguy, quoique sa charité décuplât son courage et ses ressources, se trouvait quelquefois à bout de force pour soutenir son troupeau d’infirmes, de veuves et d’orphelins.
Avec quel étonnement vous eussiez vu alors ce vieux prêtre, transformé en loup de mer, s’agiter, aller, venir au point du jour sur la jetée du petit port, afin