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FANTÔMES BRETONS


Mais M. le recteur était déjà loin.

— Allons, père Lizon, s’écria le digne prêtre, en frappant sur l’épaule d’un vieux marin à la figure bronzée et empreinte d’un caractère évident de sincérité ; comment va la pêche, mon vieux cormoran ?

— Toujours passablement, Monsieur Tang, avec l’aide de Dieu et des bonnes amorces que vous me donnez.

— Tant mieux, tant mieux… Et vous autres, les amis, pourquoi causez-vous tout bas, comme des conspirateurs ? Est-ce que le cidre est mauvais, ou que Barbane vous a refusé votre quart de vin ?

— Non, non, Monsieur le recteur, répondirent les marins, tout d’une voix ; le cidre est passable et la mesure suffisante.

— Mais, à notre idée, faut vitement parer au grain.

Ces derniers mots furent prononcés par un matelot, nommé Madec, qui paraissait tout dévoué à M. Tanguy. Il ajouta avec un certain air de mystère :

— Nous disions seulement que le retour de Corfmat nous inquiétait, parce qu’il a l’air plus rude que jamais. Voilà la chose.

— Corfmat ! reprit le recteur, visiblement inquiet, il est donc revenu au pays ? N’était-il point parti pour une destination inconnue, à peu près en même temps que Julien, le mari de cette pauvre malheureuse qui est si affligée ?

— Justement, Monsieur le curé.

À ce moment, la vieille Barbane quitta le coin de