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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


vait une longue cabane dont le toit de chaume était en partie recouvert par de larges galets destinés à le protéger contre les coups de vent. C’était ce qu’on appelait la Cambuse. Ce bâtiment, ainsi que l’habitation du recteur, qui en était peu éloignée, faisait face à la mer dans la direction du Sud-Est. De là, on dominait la plage hérissée de grands rochers que les vagues du large viennent battre sans cesse.

Une table étroite, assez longue, entourée de bancs de bois et soutenue par des tréteaux, garnissait le milieu de la cambuse. À l’un des bouts de cette pièce se trouvait une vaste cheminée où l’on faisait cuire, dans un énorme chaudron de fonte, la cotriate, ou soupe au poisson, destinée à nourrir presque tous les marins de l’île, sauf ceux qui cuisinaient à bord de leurs chaloupes, et deux ou trois ménages vivant plus retirés dans leurs cabanes.

Rien n’était plus sombre que cette vaste cambuse, où le jour ne venait que par la porte lorsqu’elle était entr’ouverte, pendant les jours de beau temps, et par les carreaux étroits et salis de deux meurtrières pratiquées dans les murs.

Pourtant, un observateur curieux aurait eu bien des choses à remarquer dans cette pièce obscure. Au plafond, c’est-à-dire sous les poutrelles qui en tenaient lieu, pendaient un grand nombre de petits navires de toutes les formes, ornés de voiles, cordages et pavillons ; le tout singulièrement avarié par le temps et recouvert de poudreuses toiles d’araignées, qui en dissimulaient le contour. Les murs, jadis blanchis à