LA JUMENT MAIGRE
Marche aujourd’hui, marche demain,
À force de marcher, on fait bien du chemin.
Écoutez, mes amis, l’histoire de la Gazek-treut (jument-maigre), s’écria Bideau, le vieux garde, s’adressant à son rustique auditoire (l’auteur compris), assis auprès du large foyer de la cuisine.
À peine ces mots étaient-ils prononcés que Gabik, espèce de petit groom breton, et Michélik, la gardeuse de vaches, éclatèrent de rire, en disant :
— Gazek-treut ! Comme ce sera drôle ! quel joli titre !
Oui, plus joli, sans doute, que le récit dont vous allez juger, lecteur, si vous avez de la patience. Écoutez bien ! c’est maître Bideau qui parle.
— Il y avait une fois au manoir de Lezquipiou, un vieux seigneur qui avait, disait-on, des tonnes d’or dans un souterrain creusé au-dessous de sa cave. On dit aussi qu’il était sorcier, et que dans son écurie,