Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LES POIRES D’OR

récit du sonneur de biniou




Il y avait une fois entre Daoulaz et Logona, un Roi, un petit Roi, je pense, car il n’avait pour tout royaume qu’une métairie que les Julots de Saint-Thégonnec traiteraient de tiégez-dister, ou ferme aride ; ceux de Vannes diraient eunn dachen-fall, c’est-à-dire, une mauvaise place ; et ceux de la Cornouaille l’eussent appelée sans façon douar-lapinet, une terre à lapins.

Mais n’importe. Il faut vous dire, sans quoi vous diriez que mon Roi n’était bon qu’à porter le sac des chercheurs de pain, il faut vous dire qu’il avait en outre un petit courtil, et que dans ce courtil il y avait un beau poirier : un poirier qui, tous les ans, rapportait trois belles poires ; et c’était là toute la fortune du Roi… quand il pouvait les cueillir, ce qui n’arrivait pas souvent. — Trois poires ! ce n’est certes pas une fortune par le temps qui court ; mais attendez un peu,