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mes récits. Je résume donc l’opinion que je me suis faite de la manière suivante :

Le tigre est tout aussi vigoureux que le lion.

Il n’est ni plus ni moins généreux et débonnaire.

À l’heure du danger, il montre autant de courage.

Enfin, il ne paraît pas dépourvu d’une certaine sensibilité, qui peut durer à la faveur de circonstances propices et d’un défaut d’excitabilité naturelle.

Toute la différence entre lui et son noble aîné consiste, me paraît-il, dans des apparences plus que dans des réalités. Il est bien vrai que l’on voit beaucoup plus de lions domptés que de tigres ; mais cela vient surtout de ce que le tigre est beaucoup plus rare que le lion dans les ménageries.

Le temps est encore éloigné où le tigre aura disparu, comme son congénère le lion, dont Gérard ne comptait que sept ou huit familles pour toute l’Algérie. Je ne sais si le bien-être matériel de l’homme gagnera beaucoup à cette disparition ; mais, pour ma part, je ne cesserai de regretter ces fauves magnifiques, que la nature n’a point créés sans but, et dont la férocité est moins redoutable pour le genre humain que ses propres colères et ses propres ambitions.

Jacques du Flot.
FIN