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V


Le tigre est-il susceptible d’éducation ? Peut-on l’apprivoiser, ainsi que l’on fait du lion ? Il y a des bateleurs qui l’affirment et qui même ont paru en fournir les preuves. Je n’hésite pas à donner là-dessus mon sentiment, ayant eu l’occasion de voir assez de faits concluants sur cette question.

Et d’abord, je me hâte de dire que, pas plus pour le lion que pour le tigre, je n’admets la possibilité d’une règle en matière d’éducation. On a cité les lions du célèbre Théodoros, lesquels vivaient en toute liberté à la cour et jusque sous le trône de ce monarque abyssin. Cet exemple n’est pas probant. Ici encore, je crois qu’on se laisse abuser par le regard paterne et l’allure débonnaire du lion

Plus volage, plus chat, en quelque sorte, que son frère aîné, le tigre paraît avoir reçu de la nature un caractère moins susceptible d’attachement, moins sociable. Il y a, d’ailleurs, entre les deux races d’animaux ce signe différentiel bien accusé, que le lion est réellement brave, tandis que le tigre ne combat qu’à la dernière extrémité. Il en résulte que, comme chez l’homme, et par une induction fort logique, on conclut, très vraisemblablement, à la franchise du premier et à la fourberie du second.

Eh bien ! malgré toutes les apparences contraires, je crois à la possibilité de priver le tigre. On